De la musique instrumentale à la musique des doigts suite...et fin

Je ne m'étendrais pas sur cette longue période de vide, où officiellement tout va bien, ( fierté oblige), si ce n'est que l'on passe par différents stades.

Il y a un phénomène bizarre dans ce que l'on appelle la dépression, c'est qu'on s'y trouve bien finalement.On se cache souvent derriere cet état d'être, pour s'octroyer le droit de ne prendre aucune decision, de faire tout et n'importe quoi....... ne rien faire du tout, pas même s'habiller,se raser et regarder continuellement son passé glorieux qui au final parasite le présent.

Après d'interminables mois, sans sortir, à me contenter de faire des comparaisons entre ce qui me convenait le mieux, xanax, zoloft, temesta, sans me preoccuper de ce qui pouvait se passer autour de moi, à attendre la bonne heure pour boire mon apéro pour cloturer la journée, et passer des nuits entières à surfer sur internet pour y découvrir ce qu'il offre de mieux, mais aussi ce qu'il offre de pire,une renaissance allait s'opérer sans que je ne m'en rende compte.

L'avantage avec internet la nuit, c'est que lorsque on se sent ne plus "être", lorsque on a perdu l'estime de soi, on a la possibilité de redevenir quelqu'un l'instant d'une conversation, d'une rencontre virtuelle, pas toujours porteuse d'évênement positif.

Mais j'ai compris à mes dépends, que ce n'était qu'une impression.

Ceci dit, je dois rendre hommage à cet outil extraordinaire lorsqu'on l'utilise comme tel.

Par une belle journée d'automne que nous avons l'habitude de connaître ici en Corse, alors que j'avais décidé de célébrer ma déchéance et ma solitude interne, un peu plus tôt que prévu, par un bon whisky dont je commençais à ne plus sentir le goût ni les effets,je me retrouve un peu grogui dans mon bureau.
les étagères sont pleines de partitions, de photocopies de partitions, de matériel pédagogique, bref toute ma gloire passées entassée sur des suports de bois.

Je ne pourrais pas expliquer pourquoi ni comment, mais il m'est venu l'idée de faire du tri.
J'ai donc allumé un brasier et j'ai commencé à bruler tout d'abord les photocopies, puis ensuite des originaux que j'avais en double.
A chaque fois que je jetais une de mes reliques dans le feu je pleurais de plus belle, sans savoir expliquer pourquoi.

Maintenant je sais.....

Le lendemain au réveil, je n'ai éprouvé aucun regret.

Le surlendemain, toujours aucun regret, mais une réflexion m'est venue à l'esprit sans crier gare: " ca va durer combien de temps tout ca?"

A partir de là j'ai eu le choix:

- ou je continuai dans cette voix, et je ne donnais pas cher de ma survie...
- ou je tentais de sortir la tête de l'eau tout en sachant que j'allais entreprendre le plus gros défi de ma vie.
Il se trouve que j'ai choisi la deuxième solution, mais avec le recul je suis pas trop étonné, j'ai rarement choisi facile dans ma vie, et parfois on ne m'a pas rendu les choses faciles! ( rires)

Il m'est revenu à l'esprit, qu'à l'époque ou le métal doré de mon instrument de musique brillait sous les projecteurs, j'avais comme beaucoup de mes frères musiciens, le problème de la gestion du trac.Une seance de réflexologie m'avait permis non pas de supprimer ce stress positif ( il y en a), mais disons de mieux le gérer.
J'avais été impressionné par les effets quasi immédiat de cette séance, et par le professionnalisme de la réflexologue, qui sans le savoir, a été le détonateur de ma seconde naissance.

A la veille des fêtes de fin d'année, la fameuse période ou l'on prend les bonnes résolutions pour la nouvelle année à venir, je surfe sur internet comme toute les nuits.
Pour la première fois depuis bien longtemps, je passe ma nuit à faire quelque chose de concret sur internet, je cherche comment et où je pourrais me former en réflexologie.
Alors que le soleil se lève sur les montagnes corse, je trouve enfin une école sérieuse, non sectaire, dont le site explique avec des mots simples le contenu, la durée de la formation.
je prend contact avec ce centre de formation et pour la première fois depuis bien longtemps, je m'entend dire ce que depuis bien longtemps je n'avais pas entendu ou pas vouloir entendre, " oui monsieur, c'est possible, je vous inscrit".

Des le lendemain, je descend à l'ANPE,( vous savez cette administration qui vous laisse penser que vous êtes en liberté surveillée, et qui vous conforte avec un certain sadisme et jouissance de la part de certains de ses employés, dans l'idée que vous êtes une grosse merde) pour demander un petit coup de pouce financier.je ne m'attendais pas à un miracle, mais bon.....
Miracle il n'y a pas eu.
Je me retourne donc vers un de ces organismes qui vous prête de l'argent sans faire de difficulté, mais dont les intérêts sont dix fois plus important que la somme empreintée.J'ai fait un petit calcul, je crois que je vais rembourser ma formation jusqu'en 2012 ou 13.

Enfin le jour du premier cours arrive, je suis pas fier mais heureux.
Moi qui croyait à tort, que j'allais faire une formation Yves Rocher, je me suis trompé mais alors en beauté!!!!!!!!!

Pendant de long mois, j'ai travaillé jours et nuits en secret,toutes ces notions nouvelles pour moi, l'anatomie physiologique, l'anatomie pathologique, les gestes précis de technique, un nouveau vocabulaire, une autre culture, etc....

Au fil de la formation, je me suis découvert, j'ai pu mettre des explications sur beaucoup de choses, et le plus important, j'ai appris à enfin me connaître et à me réconcilier avec moi même.
Et tout ce qui a pu être négatif par le passé est devenu au fil des mois une force.j'ai rencontré d'autres élèves venant d'horizons différents, qui ne m'ont pas jugés puisqu'ils ne me connaissaient pas, et qui m'ont apportés cet état d'esprit que j'apprivoise petit à petit.

Le 3 juillet dernier, à 20 heures, après un examen difficile pour moi, la sanction tombait:

JE SUIS OFFICIELLEMENT REFLEXOLOGUE

J'ai remporté le défi contre moi-même, je suis à nouveau heureux d'être dans ce bas monde, j'ai retrouvé ce sentiment de servir à quelque chose, et très honoré d'apporter modestement "un mieux -être" aux autres, dans un domaine où on ne m'attendait pas, pas même moi.

Un grand merci à toutes les personnes qui m'ont encouragées, ma famille, mes proches, mes amis, ceux qui ont acceptés que je m'exerce sur leurs pieds, à ceux qui m'ont donné des coups dans le derrière dans mes moments de doutes.
Merci à eux pour leur grande patience, pour me maintenir la tête hors de l'eau pour éviter ma noyade.
Merci aussi à ceux qui se sont trompés sur mon compte, a ceux qui m'ont sali, aux hypocrites, aux enfoirés, à ma belle mère, à ceux qui ont eu un jugement erroné à mon sujet.Par leur bêtise et leur méchanceté, ils m'ont motivés pour réussir.

N'oubliez pas ceci: " L'espoir et la détermination, c'est comme les essuis glaces, ça n'empêche pas la pluie de tomber, mais ça permet de continuer a avancer"